Traces plurielles, chemin commun, un rêve partagé

Pour l'ouverture du mois du patrimoine, et pour une première, la province Sud et celle du Nord, ainsi que l'association Vii vââ rô nékô, ont conjointement convier le public, le 3 septembre, à un voyage dans des lieux insolites, souvent méconnus. Un temps de visites guidées, mais aussi d'animations et d'expositions, depuis le site de Karadji, à Nékö (Poya). Une occasion de découvrir une culture à la fois riche et ouverte sur le monde.

1. Une commune qui fait lien - Yasmina Metzdorf (maire de Nékö-Poya)

1. Une commune qui fait lien - Yasmina Metzdorf (maire de Nékö-Poya)

  • La commune de Nékö (Poya), collectivité de l'aire coutumière Paici- Camuki et Ajië-Aro, se veut un véritable trait d'union, entre la province Sud et celle du Nord. Son territoire, se situe à cheval sur les deux régions. «Depuis 1985, nous sommes habitués à une coopération financière, agricole, juridique ou encore culturelle, tournée vers les deux provinces. Une agilité qui nous enclin à rester jeune», plaisantait la maire, lors de la cérémonie d'ouverture. «Il était logique que cette journée se fasse ici et ensemble. Nous sommes deux provinces, mais un seul pays», a-t-elle exprimé plus officiellement. Et c'est bien l'idée d'un destin commun qui a été rappelé tout au long des discours. «La culture est un préambule des accords de Nouméa», a souligné Léonard Sam, membre du Gouvernement, notamment en charge de la culture, dans le Sud. «Cette journée se situe à un niveau Pays. On ne peut avancer qu'avec la pleine connaissance de notre histoire.» Gérard Poadja, représentant le président de la province Nord, a également parlé en ce sens, de mutualisation des compétences, des forces vives. «La culture tient une place importante dans le contexte actuel et son évolution. Cela passe par la valorisation du patrimoine et de la diversité de tout un pays, mais aussi de la Mélanésie et du Pacifique. Nous sommes assis sur notre passé et tournés vers notre avenir», a-t-il mis en avant. Au delà d'un simple village frontalier, Nékö (Poya) est synonyme de huit districts sur l'aire de Muéo. «Il faut faire valoir le patrimoine de toute la Nouvelle-Calédonie, en allant vers les tribus et notamment les jeunes, pour que demain, tout cela vive», ont indiqué les coutumiers. «Ensemble nous travaillerons, ensemble nous réussirons», a conclue Yasmina Metzdorf. «Je salue, non seulement l'équipe de notre commune pour son engagement, mais aussi les autorités coutumières qui associent l'institution municipale, à chaque cérémonie.» (photo 1.)
2. Agence de développement de la culture kanak (ADCK)

2. Agence de développement de la culture kanak (ADCK)

3. Association des pionniers de Poya

3. Association des pionniers de Poya

  • Un patrimoine pluriel 

Tout au long de la journée, le site de Karadji a vibré au rythme d'animations riches de diversité. Pas moins de dix communes étaient représentées, quinze associations présentes, et dix-huit établissement privés encore, s'étaient mobilisés. La troupe Vocal a ouvert les festivités, par des chants issus de son spectacle «La rencontre des Mondes.» La troupe «Mwëyä», venue spécialement de Waa Wi Lûû (Houaïlou), a offert au public, une danse traditionnelle tournée vers le symbole fort de la tortue à protéger. Répertoire de musique classique ou même jazz, ont enjoué les mille cent dix visiteurs, venus pour l'occasion. L'Agence de développement de la culture kanak, a mis en en avant la confection de tapas, et l'exposition Duru Mê Xata: Mwânöö rè nêngürü - l'étoffe de l'ombre -, fruit d'une collecte menée depuis 2002, par le département recherche et patrimoine de l'ADCK-CCT, en partenariat avec le conseil coutumier Xârâcùù et la mairie de Canala. L'Académie des langues kanak, a permis des informations sur les différentes langues vernaculaires. Mireille Koya, sous l'égide de la province Nord et de l'aire Hoot Ma Whaap, proposait, de découvrir des jeux et jouets traditionnels de la vallée de Hyeyen (Hienghène). «Pe thiic hunge». Faire ricocher des graines sur la surface de l'eau et de la terre, lancer des sagaies, faire tourner des objets dans le vent... «Au delà de simples loisirs, ces divertissements apparaissent comme l'expression de l'imagination locale, une source d'apprentissage pour les enfants.» Tressage avec les femmes de Nékô (Poya), rodéo... Quinze stands de restauration attendaient les visiteurs. La SLN était elle aussi présente, tant à travers des panneaux sur site, que par des visites de l'usine minière de Népoui. Celle de Pinpin était également ouverte. «État des lieux des bâtisses de Poya» L'association des pionniers s'est exprimé par une exposition de photos du bâti de la région, en liaison avec des visites guidées, gérées par le point information et son staff. En fin de journée, l'association Tagadé, conteurs du Nord, a fait tomber de son panier culturel, contes et berceuses. Un kaori a été enfin planté sur place. (photos 2. et 3.)

 

4. Claude Metzdorf, visite guidée du château de Muéo, à Nékö-Poya

4. Claude Metzdorf, visite guidée du château de Muéo, à Nékö-Poya

Portes ouvertes sur la région.

  • Le public est de plus en plus avide d'authenticité, comme un retour aux sources. «La poussière est retombée sur les traces de mon passé...», chantaient en route, les choristes de la formation Vocal. Des visites guidées avec bus gratuit, ont été programmées pour l’événement, comme une sortie notamment, à la tribu de Gohapin. Visites de lieux parfois inaccessibles, Claude Metzdorf a mené les curieux au château du Muéo, dit château Escande. «Je suis un guide d'occasion», a humblement glissé ce dernier, pourtant féru d'histoire et prompt à partager ses connaissances. «Bâtisse et tours, linteaux taillés dans des blocs de corail, grilles en fer forgé, marquées des initiales d'Alexandre Escande à l'origine du château...» Claude Metzdorf n'a pas manqué de souligner la bienveillance de la famille Johnston, propriétaire en date, qui a ouvert ses portes pour l'occasion. «Elle a fait acquisition de la demeure, en 1942 et crée cinq ans plus tard, la station d'élevage de Muéo. En 1984, Tom Johnston l'a fait restaurer, ce qui n'enlève en rien son cachet, un lieu inédit en Nouvelle-Calédonie.» Eloi ou encore Guillaume, tout autant connaisseurs de leur région, promenaient le public du côté de Montfaoué, lieu quasi mystique, abritant de nombreux pétroglyphes. Histoire de lune tombée dans la marmite, d'un soleil qui se lève et se couche dans ces endroits, ou symbole des eaux sacrées, sources de vie… L'énigme de ces rochers gravés reste intacte. (photo 4.et 5.) 

 

Article et photos Claudine Quéré

5. visite guidée à Montfaoué,  site de pétroglyphes

5. visite guidée à Montfaoué, site de pétroglyphes

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