Fête de Camale, à l’Écomusée du café de Vook

S’il est une maison qui privilégie la culture mais aussi l’ouverture, l’Écomusée du café de Vook en est un bel exemple. La fête de Camale s'est traditionnellement déroulé dans ses jardins, le 26 août. L'occasion pour les scolaires de la région et l'ensemble du public, de découvrir le patrimoine lié au café, mais aussi de partager l'igname, tubercule sacré.

  • «Depuis toujours les anciens ont cultivé l’igname, le café, les fruits… Nos actions vont dans ce sens», expliquait José Kabar, lors de l'ouverture de la journée, consacrée à la fête de Camale. Plus de 150 enfants des écoles de Vook, ont entendu le message et participé dès le matin, à la plantation de tubercules, accompagnés de leurs enseignants et quelques parents. Les jeunes de l'association Ju Mulip d'Oundjo, et l'équipe de l’Écomusée, avaient préparé pour eux, le terrain. Les élèves n'ont eu qu'à suivre les consignes. «Savez-vous qu'on oriente la tête de l'igname vers la montagne ou le soleil? Connaissez-vous l'hydro rétenteur, qui permet aux plants de se développer plus vite? D'ailleurs à quelles occasions utilise-ton l'igname?». José Kabar, le directeur de l'écomusée n'était pas seul à dévoiler informations et gestes ancestraux. Des anciens de la région, des coutumiers, ou encore Stacey Selefen, directeur du Conservatoire de l'igname, ont apporté une aide précieuse, afin de renseigner et cadrer ce petit monde, parfois dissipé. (photo 1.)
1. Sur le chemin de l'igname. Les enfants de Vook.

1. Sur le chemin de l'igname. Les enfants de Vook.

  • Les éducateurs et acteurs de la commune, ont une pédagogie particulièrement adapté aux enfants. Honoré Diemene, le directeur du centre culturel de Vook, est venu leur conter une histoire, sur la forêt de Ouengo, avant que ceux-ci ne prennent le repas. «Quand j'ouvre les mains, vous pouvez à ce moment là, parler», indiquait-il. «Allô, allô, allô… J'écoute, j'écoute, j'écoute», ont-ils repris en chanson, sur l'invitation de Valentine Tidjite, l'animatrice de l’Écomusée, qu'ils connaissent bien pour son engagement dans de nombreuses activités. Afin que ce temps se fasse en paix, l'association Tagadé, a offert elle, de voyager à travers des contes, berceuses et légendes du pays. «Normalement on attend le soir pour que l'histoire tombe du panier. Pour cela il faut du silence», ont évoqué les conteuses du Nord. Une prestation rare, s'est déroulée dans les jardins, présentée par une troupe de jeunes de la région. «Une danse spéciale, unique», a estimé José Kabar. «Elle exprime notre généalogie et retrace le chemin lié à l'igname», a souligné Paul Poroudeu, de la tribu de Gohapin. Les enfants se sont enfin régalé d'un bougna, préparé par Marie-Pierre Bealo. De quoi ravir des estomacs visiblement affamés par l'effort. (photo 2.)
2. Terre de parole. Ike, conteuse du Nord.

2. Terre de parole. Ike, conteuse du Nord.

  • Parmi les nombreux intervenants, le lycée privé professionnel et hôtelier, Jean XXIII de Païta, est revenu pour une seconde édition. Sur une idée portée par Nadine Goyet, professeur d'économie-gestion, celui-ci avait offert l'an dernier, de préparer des mets, décrits comme fameux par l'ensemble des convives. Ce sont les terminales de la section CAP charcutier-traiteur, qui ont ont su à nouveau mixer tradition et modernité, à travers l'élaboration de leur cuisine. «L'écomusée nous a offert les ignames que nous avons préparé avec du coco et du poisson. La section boulangerie avec Thierry Truques, professeur de pâtisserie, à concocté un gâteau au café. Bilan tout est parti en quelques minutes», s'est félicité l'enseignante, accompagnée de Marina Verdez, professeur de français et d'histoire-géographie. «Peut-être proposerons nous la prochaine fois, du pain à base d'igname, nous allons réfléchir à cette idée. La nourriture est vecteur d'une culture qui n'est pas figée, et les gens semblent vraiment apprécier, cela fait plaisir.» Jean-Philippe, Elyezer et Diego, les élèves de l'établissement, ont eux aussi apprécié de travailler hors-cadre. «Cela crée du lien avec les gens et entre nous. On a découvert en plus, des variétés d'ignames qu'on ne connaissait pas, idem pour les caféiers.» (photo 3.)
3. Culture culinaire, à toutes les sauces. Lycée Jean XXIII de Païta.

3. Culture culinaire, à toutes les sauces. Lycée Jean XXIII de Païta.

  • En fin de journée, s'est déroulé un traditionnel partage de l'igname. Depuis quatre ans, le tubercule est offert lors de cette fête, aux intervenants comme aux huit chefs du district de Vook (Boyen, Témala, Ouelisse, Waha, Ouengo, Tiéta, Oundjo, Gatope). «L'idée est d'enrichir les variétés par ces échanges. Chacun revient l'année suivante avec un nouveau plant», a exprimé José Kabar, le directeur du site. Il a rappelé à cette occasion, le chemin parcouru pour sauvegarder la précieuse racine. «Jean Poithily, coutumier de Gatope, m'a interpellé, il y a quelques années, il était très inquiet de voir les variétés d'igname, un jour disparaître. Peu après, Didier Varin, le directeur du Centre des tubercules tropicaux (CCT), de Wagap, est venu à moi, car sur la côte Est, il avait du mal à conserver les ignames semencières, l'endroit étant plus humide que sur la côte Ouest. Une rencontre a été organisée et c'est tout naturellement que nos espaces, adaptés à cette culture, ont été validés. L'igname est l'identité de la société kanak, les autres communautés partagent aujourd'hui notre culture, à travers elle», a-t-il encore mis en avant. Il a évoqué le choix d'un travail identique sur les plantations de café, et salué à cette occasion, Jérôme Paouma et André Goopéa, du Groupement agricole des producteurs de la côte Est, accompagnés de Moïse Meuray, responsable d’usine, ou encore Maurice Martotaroeno, gérant de la station de Ponérihouen, jusqu’en 2011. Une vente d'ignames a enfin été organisé pour l'ensemble du public. (photo 4.)
Article et photos Claudine Quéré
4. Partage et diversité. Les experts du café de Pwäräiriwa (Ponerihouen)

4. Partage et diversité. Les experts du café de Pwäräiriwa (Ponerihouen)

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